Tu me manques...

Messages : 33 Date d'inscription : 07/12/2018

Cela faisait un mois... Un mois que mon soit disant mari avait osé tué ma mère... Comment avait-il pu faire ça ? Elle était la voix du grand Désert, elle était forte, et courageuse. Tellement courageuse, qu'elle avait préféré mourir que d'être exilée par le nouvel empereur. Je n'arrivais pas à réaliser. J'avais toujours l'impression que ce n'était qu'un cauchemar, que je me réveillerais et verrais maman sur le haut d'une dune, devant le clan, observant chacun des lions qui le constituait. Mais je savais que cela n'arriverait pas. J'avais perdu la personne qui comptait le plus pour moi, et le pire, C'est que j'avais pour devoir d'annoncer cela à Makan lorsqu'il reviendrait. Qu'allait-il dire ? Lui qui n'était déjà pas très heureux que Nazhir m'ai choisi moi comme femelle... Qu'allait-il penser lorsqu'il saurait que mon propre mari a tué notre mère ?

Soupirant, je me levais à l'aube, n'arrivant plus à trouver le sommeil. Depuis cette tragédie, je ne dormais que très peu. Le clan entier semblait encore sous le choc d'avoir perdu une si grande impératrice, mais pourtant, chaque jour se déroulait comme les autres. Nazhir était très occupé avec son nouveau rôle d'empereur. Au moins, il ne venait pas me casser les pieds.

Je m'étais éloigné du clan, voulant être seule. Depuis la mort de maman, je n'arrivais pas à vraiment profiter des moments avec les autres lions. Je n'avais même pas beaucoup parlé à Hazina depuis longtemps. Heureusement pour moi, j'avais réussi à convaincre Nazhir de la laisser dans le clan... Ellyn, Akyr et Hiari avaient été exilés et nous n'avions pas revu ces sales traîtres depuis.

Une fois suffisamment éloignée du clan, je me rendis à l'Oasis Oubliée, vu que le clan s'était installé non loin depuis quelques jours. C'était le seul endroit où je me sentais en paix. Une fois arrivée au bord de l'eau, je commençais à laper la surface de l'étendue bleutée. Puis, fixant mon reflet, je cru apercevoir maman. Une larme coula de mon oeil gauche et tomba délicatement dans l'eau clair. Je fini par m'asseoir, fixant le vide qui se trouvait devant moi.

Messages : 18 Date d'inscription : 07/12/2018

Tu me manques

Je reniflais. Un mois. Un mois que ma vie entière avait basculée. Un mois que je n'arrivais plus à faire ne serait-ce qu'une esquisse de sourire. Et encore une fois, je me remémorais cette journée qui avait tout détruit.

Hatasa avait publiquement annoncé la mise à mort de mon géniteur - car non, je ne le considérais plus comme mon père depuis longtemps - et cela m'avait réjoui. Il est vrai que sans lui, je ne serai pas née mais comment avait-il pu avoir l'audace de répandre ses gènes infâmes en procréant ? Et avec une fille d'Impératrice en plus ? J'avais longtemps chercher à comprendre pourquoi grand-mère avait accepté une telle union avant de me rendre compte que c'était parce qu'elle ne pouvait pas faire souffrir ceux qu'elle aimait à cause de la trahison de Wivu.

Enfin, mon "père" avait été tué mais à peine son dernier souffle rendu, tout s'était accéléré. Un duel avait été lancé à Hatasa et digne, elle l'avait accepté. Je lui portais toute ma confiance mais bien vite, la peur m'avait envahie. Son adversaire était plus jeune, plus agile et… plus fort. Fière, Hatasa s'était battue comme une diablesse mais ses réflexes étaient moins vifs que ce qu'ils avaient pu être et au bout du compte, elle avait perdu. Mais même dans la défaite, elle avait continué à être fière, préférant la mort au combat à l'exil qu'on lui proposait. Ainsi avait sonné la fin d'Hatasa la Grande mais ce ne fut pas le seul coup de griffe que je reçu en plein cœur ce jour-là.

Oooh non. Trois autres coups m'avaient été portés lorsque le nouvel Empereur avait pris la décision de m'exiler avec ma mère, ma sœur et mon frère. Je n'en avais pas cru mes oreilles et pourtant, cela était bel et bien réel. Alors pourquoi avais je toujours le privilège de fouler les nobles dunes du Grand Désert ? C'était grâce à Anaya, qui avait tout fait pour que je sois exemptée de cette décision. Nazhir avait accepté et voilà que j'étais la dernière représentante de la descendance d'Hatasa du côté de Hiari.

Des larmes silencieuses roulaient sur mes joues et je reniflais pour m'empêcher de pleurer. Si je n'étais pas proche de mon père et que son absence ne me faisait rien, il n'en était pas de même pour les autres membres de ma famille et notamment ma sœur. Où était-elle maintenant ? Est-ce qu'elle était avec maman et Akyr ? Est-ce qu'ils allaient bien ? Je n'en savais rien du tout et je ne pouvais même plus demander au Désert de veiller sur eux : étant exilés, ils ne pouvaient plus bénéficier de sa protection.

Sentant d'autres larmes venir, je m'éloignais du clan. Déjà que j'étais le dernier monstre du clan, il était hors de question que l'on me voit pleurer ! Je n'en avais plus beaucoup mais je voulais conserver le peu de dignité que je pouvais encore avoir. Je dirigeais mes pas vers l'Oasis proche mais alors que j'approchais de l'eau, une silhouette que je ne connaissais que trop bien se matérialisa : Anaya.

Que faire ? Elle m'avait défendue ce fameux jour mais d'un autre côté, elle était aussi la compagne de Nazhir. Comment faisait-elle pour supporter cette histoire ? La connaissant bien, je le savais parfaitement : elle n'y arrivait pas. Décidée, je reprenais ma marche pour aller jusqu'à elle. Je n'avais pas soif alors je me contentais de m'assoir à ses côtés.

Salut Ana'...

Très familier pour un bonjour à l'Impératrice mais je savais qu'elle ne s'en formaliserait pas. Et puis, admettons qu'elle m'en veuille, elle ne pourrait plus rien me prendre car à ce jour, je n'avais plus rien.

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Messages : 33 Date d'inscription : 07/12/2018

J'étais toujours dans mes pensées, le regard dans le vide. J'avais tellement de souvenirs qui me revenaient en tête que je ne m'étais même pas aperçu que quelqu'un s'était approché de moi.

- Salut Ana'...

Je sursautais, quittant mes souvenirs pour revenir brutalement à la réalité. Tournant mon regard vers Hazina, je vis tout de suite que celle ci était encore plus malheureuse que moi. Son regard brillant trahissait des larmes qui avaient coulées récemment, et son sourire radieux avait totalement disparu. Avais-je bien fais de dire à Nazhir de la laisser au sein du clan ? Aurait-elle préféré partir avec sa famille en exil ? Des questions que je me posais chaque fois que je posais les yeux sur ma meilleure amie.

Celle ci m'avait appelé d'une façon si amicale, que je ne pu retenir un léger sourire, chose qui était très rare ces derniers temps. J'étais impératrice maintenant, et normalement, j'étais sensé être traîté comme tel. Mais Hazina était mon amie, et je ne lui en tiendrais jamais rigueur. Puis, je voyais mal ma meilleure amie m'appeler " Impératrice " Déjà que moi même, j'avais du mal à accepter ce rôle...

- Coucou Hazina...

Après ces mots, je ne su quoi rajouter d'autre. D'ordinaire, Hazina et moi étions très complices, mais tous ces drames arrivés d'un coup avaient cassés notre bonne humeur d'enfant. A croire que le Grand Désert nous avait ordonné de grandir d'un seul coup. Hazina n'avait plus personne, et elle n'aurait jamais d'enfants, et moi, je devais supporter le poids d'être impératrice à mon âge, même si ce n'était que par alliance, et que le plus gros du travail revenait à Nazhir... Je soupirais longuement, détournant mon regard de Hazina.

- C'est étrange hein ? Dis-je comme à moi même. Dire qu'il y'a peu, on s'amusait comme des folles et on embêtait tout le monde, et aujourd'hui regarde nous...

Je ne savais pas quoi rajouter... Chaque mot me coûtait, et je devais me retenir pour ne pas fondre en larme à chaque instant. Mais je devais être forte, car je sais que maman n'aurait pas voulu que je m'apitoie sur mon sort. Je plongeais de nouveau mes yeux bleus le regard violacé d'Hazina. Sa peine me brisait le coeur, et je pouvais ressentir son chagrin comme ci il était le miens.

- Je... Je n'ai pas eu l'occasion de te le dire mais... Je suis désolée que le reste de ta famille ai été exilée...

Je n'avais jamais apprécié Ellyn, mais je n'avais rien contre Akyr, et j'aurais préféré une autre solution que l'exil pour lui. Hiari avait fait son choix en choisissant Daren, je ne pouvais donc pas la plaindre sur son sort. Mais j'espérais que ces quelques mots feraient comprendre à Hazina que j'aurais préféré que cela se passe autrement...

Messages : 18 Date d'inscription : 07/12/2018

Tu me manques

Anaya sursauta face à ma salutation. Je n'avais pourtant rien fait de spécial pour cacher mon arrivée. Elle devait être aussi plongée dans ses pensées que je ne l'étais. Elle finit cependant par tourner son regard vers moi et son visage triste était une parfaite réflexion du mien. La connaissant, je pu déceler dans son regard bicolore qu'elle se posait des questions.

Et je pouvais aisément les deviner. Avait-elle bien fait de demander à ce que je reste ou s'était-elle montrée égoïste ? Je m'étais également posé cette question et la réponse n'avait pas été longue a trouver. J'étais une Jangowa. Une Jangowa qui avait le sang d'un monstre dans ses veines mais une Jangowa tout de même. Plutôt mourir que d'être exilée du Désert qui m'avait vu naître et grandir.

Coucou Hazina...

Un sourire avait éclairé l'espace d'un instant son visage avant qu'il n'exprime de nouveau de la tristesse. Elle aussi avait beaucoup perdu en ce jour maudit. Sa demi-sœur, son neveu et sa nièce mais surtout sa mère avec qui elle était si proche. Un blanc s'installa entre nous, brisé par le soupir de la nouvelle Impératrice.

C'est étrange hein ? Dire qu'il y a peu, on s'amusait comme des folles et on embêtait tout le monde, et aujourd'hui regarde nous…

Elle ne me regardait plus mais mon regard lui était toujours posé sur elle. Il y a peu, on s'imaginait à la place de maman et grand-mère. Au moins avait-elle réalisé ce rêve.
Me rendant compte de ces pensées acerbes, je me mordais l'intérieur de la joue pour me punir. Comment pouvais-je penser un seul instant qu'elle avait souhaité que tout cela se produise. Non, une explication plus logique était sans doute plus probable.

C'est peu de le dire… Je crois que le Désert nous a trop gâtées et nous a donné trop de bonheur. Il s'est dit qu'il fallait équilibrer les choses.

Du bleu pâle vint de nouveau croiser mon regard bleu violacé sans que je ne sache quoi ajouter. Que dire de plus ? Finalement, ce fut elle qui s'exprima la première.

Je… Je n'ai pas eu l'occasion de te le dire mais… Je suis désolée que le reste de ta famille ait été exilée…

La peine me serra de nouveau le cœur mais je m'interdisais de pleurer. Ils avaient été exilés pour une bonne raison : le sang qui coulait dans leurs veines ou parce qu'ils avaient accepté de propager des gènes maudits. Pour ma part, et bien que cela me coûtait, ils n'avaient plus rien à faire dans le Désert.

Ma famille était toujours là et était composée de Lahira, Kumani, Jenkaa, Makan et surtout Anaya. Elle ne s'agrandirait pas de mon côté car le pacte que j'avais passé avec Nazhir m'interdisait d'avoir une descendance et c'était tant mieux. Non pas que je ne voulais pas d'enfants mais je ne voulais pas qu'ils soient persécutés voire tués car ils possédaient du sang d'un démon. Il en était hors de question.

T'as pas à être désolée, il n'y a pas de quoi. Ne t'en fais pas non plus pour ma famille. Ils ont été exilés car ils ne méritaient pas de vivre dans le Désert. Et puis j'ai toujours mes oncles, ma tante et surtout... toi.

Esquissant un faible sourire, j'avais appuyé sur le dernier mot, histoire de bien lui faire comprendre que je ne comptais pas la mettre de côté car elle était la compagne de Nazhir. Je lui avais promis d'être toujours là pour elle et je comptais bien tenir ma parole. Elle l'avait déjà fait pour moi et je lui devais beaucoup.

Du coup… Je voulais te remercier. Tu ne le sais peut être pas mais… Tu m'as sauvée ce jour-là. Jamais je n'aurais pu accepter d'être exilée alors… Je me serais sûrement jetée dans le Mochanga pour me tuer si tu n'avais pas réussi à convaincre Nazhir...

Ca en aurait sûrement arrangé plus d'un d'ailleurs mais j'étais toujours là. Je devais ma vie à Anaya alors je comptais bien faire tout ce que je pouvais pour elle.

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Messages : 33 Date d'inscription : 07/12/2018

Lorsque j'eu prononcé ma première phrase, je remarquais que Hazina restait pensive, et qu'elle eu même une mimique étrange avec sa bouche, mais je ne dis rien. Elle devait sûrement penser à sa famille qui avait été exilée, donc je préférais rester muette le temps qu'elle me réponde, ce qui se fit quelques minutes après.

- C'est peu de le dire… Je crois que le Désert nous a trop gâtées et nous a donné trop de bonheur. Il s'est dit qu'il fallait équilibrer les choses.

Avait-elle raison ? Le désert trouvait-il qu'il nous avait trop donné et qu'il était temps de nous prendre quelque chose en retour ? Je trouvais cela injuste. Si le désert avait décidé de nous prendre des êtres chers pour équilibrer les choses, c'était égoïste de sa part. Restant silencieuse, je repensais à maman, à sa force, et sa sagesse. Moi qui avait toujours espéré devenir comme elle, je savais à présent que je ne serais jamais à la hauteur. De plus, j'étais mariée avec l'assassin de ma propre mère ! Comment pouvais-je continuer à accepter cette situation ? Mais Hazina me coupa dans mes pensées pour répondre à mon autre phrase.

- T'as pas à être désolée, il n'y a pas de quoi. Ne t'en fais pas non plus pour ma famille. Ils ont été exilés car ils ne méritaient pas de vivre dans le Désert. Et puis j'ai toujours mes oncles, ma tante et surtout... toi.

Même si elle gardait la tête haute face à moi, je savais que Hazina avait le coeur brisé. Je le ressentais au plus profond de moi. Mais le fait qu'elle essaye de montrer qu'elle se faisait une raison était bon signe... Enfin je l'espérais ! Et lorsqu'elle enchaina les noms de ses oncles et tantes, en finissant par moi, je ressenti mon coeur se réchauffer légèrement. J'avais peur qu'elle m'en veuille d'être fiancée au lion qui avait détruit sa famille.

- Du coup… Je voulais te remercier. Tu ne le sais peut être pas mais… Tu m'as sauvée ce jour-là. Jamais je n'aurais pu accepter d'être exilée alors… Je me serais sûrement jetée dans le Mochanga pour me tuer si tu n'avais pas réussi à convaincre Nazhir...

Ces paroles raisonnèrent un bon moment dans ma tête. Elle me remerciait... Je ne savais pas si j'avais fais le bon choix, mais je ne voulais pas voir Hazina partir du clan. J'aurais fais n'importe quoi pour qu'elle reste, et si Nazhir n'aurait pas accepté, je ne sais pas ce que j'aurais fais...

- Ne me remercie pas, je n'ai fais que le possible pour que ma meilleure amie reste à mes côtés. J'ai eu peur que tu trouves cela... Égoïste... Mais saches que je suis très heureuse que tu sois encore à mes côtés, même si les circonstances ne sont pas propices au bonheur...

Avoir Hazina à mes côtés, et pouvoir parler avec elle après ce mois interminable me faisait du bien. Mais la réalité me rattrapa vite lorsque je repensais à Nazhir. Arriverais-je à le pardonner un jour ? Je n'en étais pas certaine. Même si je savais que tous les empereurs et impératrices du désert étaient défiés pour être destitués de leur place, jamais je n'aurais pensé que cela arriverait à ma mère, et encore moins que le tueur soit mon propre mari. Dire qu'il y'a quelques temps, il avait osé demander ma patte à maman...

- Je n'arrive pas à croire que je sois obligé de supporter Nazhir en tant que mari... Après tout ce qu'il a fait, il mériterait que je le tue en pleine nuit d'un coup de griffe dans la gorge...

Ma voix était froide, et mes oreilles plaquée sur le haut de mon crâne. Ce meurtrier avait gâché ma vie ainsi que celle de ma meilleure amie. Comment arriverai-je à le pardonner un jour après ce qu'il avait osé faire. Fixant de nouveau l'eau calme devant moi, je fini par prononcer quelques mots.

- Comment je vais annoncer ça à Makan ? Et que va t-il penser...

Messages : 18 Date d'inscription : 07/12/2018

Tu me manques

Lorsque j'eu fini ma confession, je détournais le regard. Il n'était pas facile d'avouer une telle chose alors soutenir son regard et y décrypter tout ce qu'elle pensait ? Je ne le pouvais pas. Le silence nous entoura un long moment et je me demandais ce que mon amie pensait de moi, désormais. Que j'étais une lâche d'avoir eu de telles pensées ? Non, elle n'était pas comme ça. Peut-être pensait-elle que j'avais du courage d'affronter les choses aussi dignement mais que pouvais-je faire d'autre ?

Ne me remercie pas, je n'ai fais que le possible pour que ma meilleure amie reste à mes côtés. J'ai eu peur que tu trouves cela… Egoïste… Mais saches que je suis très heureuse que tu sois encore à mes côtés, même si les circonstances ne sont pas propices au bonheur…

Je quittais l'observation des ondulations de la surface de l'eau dues au léger vent pour recroiser le regard d'Anaya. Jamais je ne pourrais lui en vouloir de m'avoir sauvé la vie et en aucun cas son geste n'avais été égoïste. Peut-être que c'était ce qui apparaissait aux yeux de certains mais je ne voyais pas la chose de cette façon.

Ce n'était en rien de l'égoïsme et j'aurais agi de la même façon si nos places avaient été inversées. Et… Cela ne se voit pas mais je suis contente d'être encore là moi aussi.

J'avais perdu beaucoup de personnes qui m'étaient chères et avec qui j'avais toujours vécu mais je n'étais pas seule pour autant. Je pensais avoir tout perdu mais c'était faux. Lorsque j'étais avec elle, je retrouvais un semblant de normalité malgré notre tristesse commune.

Je n'arrive pas à croire que je sois obligée de supporter Nazhir en tant que mari… Après tout ce qu'il a fait, il mériterait que je le tue en pleine nuit d'un coup de griffe dans la gorge…

Quelle douce idée. Il m'avait fait tellement de mal qu'un simple coup à la gorge ne suffirait pas à l'effacer. Il fallait qu'il souffre bien plus que cela, oh oui. Et à vrai dire, j'en rêvais régulièrement…

Il mérite de souffrir bien plus que cela et d'agoniser longtemps avant de rendre son dernier souffle… Mes paroles n'avaient été qu'un murmure glacé mais avec notre proximité, nul doute qu'elle les avaient entendues. Haussant un peu plus la voix, je gardais néanmoins un ton froid. N'empêche, si un jour tu passes à l'action, promet-moi de venir me chercher. J'aimerais beaucoup participer à sa mise à mort.

Cruelle ? Non. Je lui souhaitais juste qu'il souffre autant que j'avais souffert et que je souffrais toujours. C'était tout ce qu'il méritait après ce qu'il avait fait. Et j'étais certaine de trouver au moins une alliée dans le clan : son ancienne compagne. Quel déshonneur avait-elle subi lorsqu'il avait tué leur enfant avant de la répudier et de choisir Anaya comme nouvelle épouse. Elle aussi devait rêver de le voir nous supplier de mettre fin à ses maux.

Comment je vais annoncer ça à Makan ? Et que va t-il penser…

Oh c'était vrai ça… J'avais complètement oublié Makan ! Alors là, c'était sûr qu'il allait avoir un choc en revenant de son exil. Il s'attendrait à voir sa mère l'accueillir mais elle ne le ferait jamais. A la place, il découvrirait qu'elle était tombée quelques heures après son départ et que celui qui avait pris sa place avait aussi pris Anaya comme compagne. Déjà qu'il l'aimait pas particulièrement depuis notre enfance, ça allait sûrement pas s'arranger…

Bah… Il va sans doute péter un plomb. Il l'aimait déjà pas pour ce qu'il faisait à Ellyn quand on était petits alors avec tout ce qu'il s'est passé… Il va le détester, c'est certain. Je laissais quelques secondes s'écouler avant d'ajouter autre chose. Et toi aussi sûrement. Il t'en voudra d'être la compagne de celui qui a tué sa mère mais ça lui passera.

Je savais que mes mots pouvaient la blesser mais j'avais toujours été franche. Et même si elle n'avait pas besoin de souffrance supplémentaire, je trouvais qu'il ne servait à rien de lui passer de la pommade alors qu'elle s'en rendrait compte d'elle-même de toute façon. Mieux valait qu'elle le sache le plus tôt possible pour pouvoir s'y préparer au mieux.

Et si ce n'est pas le cas bah, tu m'auras toujours, moi. On s'est fait une promesse, tu te souviens ? Toujours là l'une pour l'autre. De mon côté, elle tient toujours. Alors si tu as besoin de quoi que se soit, demande et je ferais tout ce que je peux pour toi.

Que j'aille chasser à sa place ? Aucun soucis. Que je m'occupe de choses qu'elle ne voulait pas faire ? Pas de problème non plus. Que je donne ma vie pour elle ? Je n'aurais aucune hésitation avant de le faire. Hatasa m'avait dit un jour que malgré nos différences, nous étions les deux parties d'un tout. Aujourd'hui, je comprenais ce qu'elle avait voulu dire. Si je n'avais pas Anaya, je ne serais rien.

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Messages : 33 Date d'inscription : 07/12/2018

Ce n'était en rien de l'égoïsme et j'aurais agi de la même façon si nos places avaient été inversées. Et… Cela ne se voit pas mais je suis contente d'être encore là moi aussi.

Les paroles d'Hazina me rassuraient. J'avais si peur d'avoir fait le mauvais choix, mais malgré sa souffrance, elle était reconnaissante d'avoir pu resté dans le clan. Mais arriverait-elle à supporter la douleur d'avoir perdu sa famille ? Je ferais tout pour l'aider en tout cas... Puis, lorsque je vins à parler de l'envie de tuer Nazhir, celle ci renchérie, parlant d'une voix glaciale que je n'avais jamais entendu de sa bouche. Hazina détestait Nazhir, et il y'avait de quoi... Il avait prit tout ce qu'elle avait en quelques heures même pas.

- Je ne pense pas que je serais capable de tuer Nazhir, déjà que je suis Impératrice par alliance... Ces mots sortirent de ma bouche avec dégoût... Je ne pourrais jamais assumer le rôle d'Impératrice tout court. Je ne serais jamais comme maman.

Je restais de nouveau silencieuse, laissant mes pensées vagabonder loin dans mes souvenirs. Malgré sa souffrance, Hazina devait sûrement avoir bien plus de force mentale que moi à l'heure actuelle. Après de longue minutes, je repris la discussion en parlant de Makan, et de mes craintes concernant ses réactions. Hazina répondit alors.

Bah… Il va sans doute péter un plomb. Il l'aimait déjà pas pour ce qu'il faisait à Ellyn quand on était petits alors avec tout ce qu'il s'est passé… Il va le détester, c'est certain. Et toi aussi sûrement. Il t'en voudra d'être la compagne de celui qui a tué sa mère mais ça lui passera.

Elle avait sûrement raison... J'en voulais tellement à Nazhir, j'avais déjà perdu ma mère par sa faute, et j’allais sûrement perdre mon frère ! Et le pire dans tout cela, c'est que je restais là sans rien faire ! Mes griffes s'enfoncèrent dans le sable tant ma rage était importante. Mais Hazina me calma en m'annonçant qu'elle serait toujours là pour moi, et que nous nous étions fais une promesse lorsque nous étions petites. Le souvenir de notre pacte me revint en mémoire, et en repensant à nous, nous serrant la patte après avoir craché dedans, un sourire s'afficha sur mon visage. Ce geste semblerait sûrement anodin pour beaucoup, mais pour Hazina et moi, c'était un acte d'une grande importance, et elle venait de me le rappeler.

- Merci Hazina... Moi aussi je serais toujours là pour toi, et ça me fait vraiment du bien de pouvoir te parler. Tu m'as manqué pendant ce mois... Je n'arrivais pas à te parler de peur que tu m'en veuilles pour tout ça.

Après un bref moment de silence, je me redressais.

- Bon, et si nous nous changions les idées ! Tu voudrais chasser avec moi ? Je veux voir si tu t'ai amélioré et si Jenkaa fait bien son travail !

J'essayais de prendre sur moi, affichant un sourire forcé pour essayer de changer les idées de ma meilleure amie. Même si la douleur était dur à supporter, il ne fallait pas se morfondre, et cette discussion me l'avait fait comprendre. Tant que Hazina et moi étions ensembles, nous pouvions tout surmonter !

Messages : 18 Date d'inscription : 07/12/2018

Tu me manques

Mes yeux fixant les siens, je pu tout à fait voir que le ton que j'avais employé et qui faisait écho à celui utilisé par Anaya l'avait complètement étonné. Il fallait dire que je n'avais jamais parler aussi froidement de quelqu'un mais son "compagnon" avait le don de faire ressortir toutes mes émotions négatives.

Je ne pense pas que je serais capable de tuer Nazhir, déjà que je suis Impératrice par alliance... Je ne pourrais jamais assumer le rôle d'Impératrice tout court. Je ne serais jamais comme maman.

Dommage qu'elle s'en pense incapable, renvoyer Nazhir six pattes sous terre serait un doux réconfort. Mais bon, il fallait croire que nous allions devoir le supporter pendant un long moment. Quoique. Les Empereurs vivaient rarement très longtemps. Seule Hatasa avait déjoué les pronostics et avait atteint l'âge de vieille adulte avant de mourir.

C'est parce que tu es encore aveuglée par le chagrin. Tu as toujours pris les bonnes décisions alors je suis sûre que tu serais une parfaite Impératrice. Hatasa était un être unique mais je suis certaine que tu saurais te hisser à sa hauteur. Seule toi le peux.

Au delà d'un réconfort que je cherchais à lui apporter, je croyais fermement ce que je disais. Non pas que les autres enfants d'Hatasa ne saurait pas se porter à sa hauteur mais Anaya était celle qui était directement concernée puisqu'elle était Impératrice par alliance.

Et puis tu sais, Hatasa aussi a été Impératrice par alliance et malgré celui qui lui servait de compagnon à l'époque, elle s'en sortait très bien. Tu es sa fille alors tu as ça dans le sang. Tu seras géniale, j'en suis sûre.

Penser et parler de ma grand-mère me tordait le cœur et cela devait sans doute être la même chose pour ma meilleure amie mais j'étais prête à souffrir si je pouvais lui rendre un peu de confiance en elle voire pourquoi pas le sourire.

Le sujet de Makan fut ensuite abordé et je n'hésitais pas à donner franchement mon avis à Anaya. La situation n'allait pas plaire au jeune mâle doré mais que pouvait-il faire à part défier Nazhir ? Rien. Et je n'étais pas certaine qu'il s'agisse d'une bonne solution vu la force qu'il semblait dégager.
Je rappelais ensuite la promesse que nous nous étions faite plus jeunes et lui assurait qu'elle était toujours valable pour moi.

Merci Hazina... Moi aussi je serais toujours là pour toi, et ça me fait vraiment du bien de pouvoir te parler. Tu m'as manqué pendant ce mois... Je n'arrivais pas à te parler de peur que tu m'en veuilles pour tout ça.

Je soupirais. A moi aussi elle m'avait manqué. Un sourire étira mes babines et s'il n'était pas aussi radieux que ceux que je faisais autrefois, il s'agissait du plus grand sourire que j'avais fait ces derniers temps.

Bon, et si nous nous changions les idées ! Tu voudrais chasser avec moi ? Je veux voir si tu t'es améliorée et si Jenkaa fait bien son travail !

Je me mordais la lèvre inférieure. Avec la mort d'Hatasa, nous ne nous étions pas entraînés ensemble depuis un bon moment. Néanmoins, j'avais beaucoup appris avant ce tragique évènement pour notre famille et je pouvais bien montré ça à ma meilleure amie. Était-elle toujours plus forte que moi ou bien avais je réussi à la rattraper ?

Personne ne chasse pour moi depuis que maman est partie alors j'ai dû me débrouiller toute seule depuis. Tu vas voir à quel point je suis meilleure chasseuse que toi !

Bon, mes parties de chasse n'avaient pas toujours été des réussites et j'avais passé plusieurs nuits le ventre vide. Cela se faisait cependant plus rare et je parvenais désormais à manger à ma faim. Et sans me vanter, j'étais persuadée que c'était parce que ma technique s'était améliorée. C'était soit ça soit la mort alors j'avais bien dû peaufiner ma technique.

Je me relevais et quittais la fraicheur de l'Oasis Je savais qu'à cette heure-ci, les possibilités de trouver des proies étaient faibles mais je tentais ma chance en me dirigeant vers un autre point d'eau relativement proche du campement. Puisqu'il n'y avait aucune victime potentielle au plus grand point d'eau du Désert, les autres étaient forcément ceux où se trouvait notre futur repas.

Connaissant désormais la route par cœur, je focalisais la moindre parcelle de mon attention sur mes sens. Aucun bruit ni aucune odeur caractéristique d'une proie ne nous arrivèrent jusqu'à ce que nous atteignîmes le point d'eau. Celui-ci était désert, ce qui ne laissais que deux possibilités : attendre, peut-être en vain, ou bouger et chercher au hasard au risque de ne trouver aucune piste. J'allais demander son avis à ma meilleure amie lorsque quelque chose changea.

Je changeais instantanément de position pour adopter celle d'une chasseuse. Mon regard chercha la source de ce changement et finit par tomber sur un oryx. Une proie de taille pour deux jeunes lionnes, et dangereuse par dessus le marché avec ses cornes effilées.

Le défi ne me faisait pas peur et bien que j'en doutais, peut-être qu'Anaya souhaiterait s'attaquer à un autre animal. Je quittais donc l'oryx des yeux pour chercher les pupilles bicolores de ma demi tante.

Qu'est-ce que t'en dis, t'es partante ?

J'avais chuchoté pour éviter que le son de ma voix ne prévienne l'oryx de notre présence. J'avais une folle envie de passer à l'action mais je me contenais dans l'attente de la réponse d'Anaya.

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Messages : 33 Date d'inscription : 07/12/2018

Personne ne chasse pour moi depuis que maman est partie alors j'ai dû me débrouiller toute seule depuis. Tu vas voir à quel point je suis meilleure chasseuse que toi !

Ah, voilà qui faisait plaisir à voir, au moins, Hazina ne s'était pas découragée concernant la chasse. Contrairement à elle, je n'étais pas seule pour me nourrir. Nazhir chassait souvent pour nous deux. Mais étant donner que manger en sa compagnie n'était pas des plus agréables, j'allais souvent chasser seule. Je n'étais pas une experte, et beaucoup de mes tentatives se finissait en échec. Mais je ne me décourageais pas.

Hazina préféra quitter l'Oasis pour trouver une proie. Je la suivais, silencieusement, tandis qu'elle se dirigeait vers un point d'eau plus proche du clan. Aucune de nous ne parlait, chacune étant sur ses gardes, écoutant et observant aux alentours pour détecter le moindre bruit qui nous indiquerait la présence d'une proie. Mais rien. Jusqu'au moment où un oryx pointa le bout de son nez.

- Qu'est-ce que t'en dis, t'es partante ?

Hazina semblait déterminée à s'attaquer à l'oryx. Moi, je regardais l'animal, perplexe. Nous étions peut-être deux, mais nous n'avions pas encore la force de deux lionnes adultes, et nous n'étions pas assez expérimentées pour réussir à attraper l'animal sans se blesser. Mais, si nous voulions nous améliorer, il fallait s'entraîner. Après quelques minutes de réflexions, je fit signe à Hazina de se mettre en position. Chacune prenant une direction différente pour encercler l'animal, nous nous faufilions à travers les dunes tel des ombres. En me rapprochant de l'oryx, je me rendis compte que celui ci n'était pas encore adulte, ce qui jouait en notre faveur. Mais ses longues cornes pouvaient tout de même grièvement blesser l'une de nous.

L'herbivore était maintenant à quelques dizaines de mètres seulement, mais nos fourrures s’accommodaient parfaitement avec le sable des dunes, ce qui faisait que l'animal ne nous avaient pas vu. Malheureusement, le vent tourna et mon odeur fut directement envoyé dans la direction de l'animal, qui resta immobile quelques secondes, avant de décamper en direction d'Hazina... Me mettant à courir derrière la proie, je priais pour que Hazina ne soit pas pile poil en face de lui...

Messages : 18 Date d'inscription : 07/12/2018

Tu me manques

Le temps me parût long après ma question. L’avait-elle seulement entendu ou bien hésitait-elle à se frotter à l’oryx ? En un sens, je pouvais la comprendre car seule, je n’aurais pas tenté de l’attaquer mais nous étions deux et nous étions douées. Si notre tactique de chasse était bonne, nous mangerions une bonne cuisse d’oryx ! La nouvelle Impératrice me fit soudain un léger signe et un sourire carnassier pris place sur mon visage. Enfin un peu d’action !

Je la laissais prendre une direction et je pris l’opposée, comprenant qu’elle souhaitait que nous encerclions l’animal à cornes. Bon, former un cercle à deux n’était pas génial et l’antilope du Désert avait de grandes chances de s’en tirer mais c’était sans compter sur le point d’eau qui lui coupait au moins une direction de retraite.

Aussi silencieuse qu’une ombre, je contournais une dune et me rapprochais un maximum de notre proie en évitant de me faire remarquer. Le souvenir d’une situation similaire me revint brièvement et à la place de l’oryx se trouvaient Makan et Akyr. Souvenir que je chassais rapidement d’un mouvement de tête. Makan était en exil et Akyr… Et bien il ne méritait pas que je pense à lui.

Me focalisant de nouveau sur notre proie, je me fis violence pour ne pas l’attaquer tout de suite. J’aurais sans doute agi ainsi si ça n’avait pas été Anaya avec moi. L’animal était jeune mais il possédait des armes qui pourraient la blesser si j’agissais mal et ça, je ne me le permettrais pas. J’attendis donc d’apercevoir le pelage de ma meilleure amie et scrutais attentivement les dunes de l’autre côté de l’oryx. Il n’était pas évident de remarquer la fourrure d’Anaya qui se mêlait si bien à son environnement mais je finis par la trouver…. Au moment même ou le vent changea de direction.

Il me caressait désormais le visage et ça, ça ne pouvait dire qu’une chose. Braquant mes prunelles sur l’oryx, je vis que celui-ci s’était relevé. Il avait senti Anaya et me fonçait droit dessus ! Je n’avais pas beaucoup de temps pour décider quoi faire : rester en place ou m’écarter. J’optais pour la première solution et me campais fermement sur mes appuis. L’animal en fuite ne semblait pas m’avoir vue et c’était une bonne chose. Tout ne s’était pas déroulé comme prévu mais je restais une surprise pour lui. Une surprise qui lui serait mortelle.

Lorsqu’il fut à portée, je bondis droit sur l’animal, ignorant la possibilité de me faire empaler pour viser sa gorge. L’oryx fut cependant plus vif que moi et lorsqu’il me vit, il fit un écart qui eu pour conséquence de me faire manquer ma cible. Je retombais agilement sur mes pattes et le pris immédiatement en chasse. Je courais sur quelques dizaines de mètres avant d’abandonner, me rendant à l’évidence. L’animal était bien plus rapide que moi et je ne pourrais le rattraper.

FAIS CHIER !

Je donnais un violent coup dans le sable tout en pestant sur cet échec. Pourquoi avait-il fallu que le vent tourne à cet instant précis ? Le Désert ne souhaitait-il donc pas que nous réussissions ? Essoufflée, je maugréais pendant plusieurs minutes avant de remarquer que j’avais été rejointe. Anaya se tenait non loin et je l’avisais.

Il était si près… J’suis désolée de l’avoir raté. Je grinçais des dents avant de reprendre. Bon, c’est mort pour l’oryx mais on peut peut-être trouver autre chose. Ça te tente ?

A l’odeur, il ne me semblait pas qu’il y ait une autre proie dans les environs immédiats mais d’un autre côté, je venais à peine de retrouver ma meilleure amie après un mois de silence. Autant dire que je n’avais pas très envie de retourner dans le clan où nous ne serions plus rien que toutes les deux.

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- FAIS CHIER !

J'avais assisté à la scène pendant que je courais pour rejoindre Hazina. Celle ci venait de pester tandis que l'oryx s'éloignait rapidement. Une fois suffisamment proche de mon amie, je me laissais tomber sur le sable, contrariée. Il avait fallut que le vent change de direction au mauvais moment...

- Il était si près… J’suis désolée de l’avoir raté. Bon, c’est mort pour l’oryx mais on peut peut-être trouver autre chose. Ça te tente ?

Je restais silencieuse un moment, déçue de ne pas avoir réussi notre chasse. Mais au moins, ni Hazina, ni moi n'avions été blessée, et c'était le principal. Je me redressais, assise maintenant dans le sable chaud. Le vent soulevait délicatement ma fourrure.

- Ne t'excuses pas, c'est moi que l'oryx a senti ce n'est pas toi !

Je ne répondis pas aussitôt à la proposition de Hazina concernant une nouvelle tentative de chasse. Je continuais d'observer l'endroit où venait de disparaître notre proie manquée. Ma queue fouettait l'air violemment, montrant ma contrariété. Soupirant bruyamment, je me remis sur mes quatre pattes, et me remis en route, me doutant que Hazina allait me suivre.

- Aller, on se remet en chasse, éloignons nous de là, le martèlement des sabeaux de l'oryx a du prévenir toutes les proies du coin qu'il y'avait des prédateurs.

Hazina et moi reprenions notre chasse. Silencieuse, je me concentrais sur les odeurs apportées par le vent. Rien aux alentours. L'odeur de la verdure de l'Oasis était la seule que je pouvais percevoir pour le moment. Je continuais ma route, espérant trouver une nouvelle proie dans les environs.

Après un bon moment de recherche, une odeur alléchante vint titiller mes narines, et je ne pu m'empêcher de me lécher les babines en dévoilant mes crocs pointus. Je fis signe à Hazina de s'accroupir, et une fois ventre à terre, je lui chuchotais.

- Un troupeau de zèbres... On a peut-être une chance de se rattraper...

J'avançais délicatement, mes pattes me portant silencieusement dans le sable qui frôlait mon ventre. Le troupeau de zèbres n'était pas loin. Je pouvais à présent les voir, ils étaient peu nombreux. Mon ventre se serra en sentant l'odeur des proies de plus en plus fortes. Cette fois ci, nous allions y arriver...

- Regardes là bas, le zèbre un peu à l'écart des autres, il a l'air affaibli, ce sera sûrement une proie facile.

Cette fois ci, j'attendis que Hazina prenne les commandes de la chasse. Même si je ne voulais pas l'avouer, j'étais bien plus douée au combat qu'à la chasse, et Hazina semblait se débrouiller mieux que moi. J'attendis donc qu'elle prenne les choses en main, tandis que mes yeux fixaient le zèbre.

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Tu me manques

Anaya resta longtemps silencieuse suite à ma proposition. Cela me parut même tellement long que j’en venais à me demander si elle n’était pas en train de chercher une façon élégante de me dire non. J’allais lui dire qu’il n’était pas nécessaire qu’elle se tracasse et que nous rentrions quand elle prit la parole.

Ne t’excuses pas, c’est moi que l’oryx a senti, ce n’est pas toi !

C’était la vérité, oui . Mais c’était bel et bien moi qui avait raté mon saut, ne pouvant mettre l’oryx à terre et le tuer, nous privant toutes les deux d’un bon repas. Les torts étaient donc partagés. Je ne relevais pas, consciente que nous étions toutes les deux fautives. II était donc inutile de revenir là-dessus.

Observant ma meilleure amie, je voyais qu’elle était était contrariée aux mouvements secs que faisaient sa queue. La mienne traînait dans le sable, montrant plutôt ma déception. Un soupir bruyant s’échappa de la gueule d’Anaya et je la regardais, interrogative. Elle se releva ensuite et fit quelques pas. Je la suivais sans poser de questions, sachant qu’elle m’expliquerait d’elle-même.

Aller, on se remet en chasse, éloignons nous de là, le martèlement des sabots de l’oryx a dû prévenir toutes les proies du coin qu’il y avait des prédateurs.

J’acquiesçait silencieusement, complètement d’accord avec elle. Je la laissais nous guider, me concentrant sur les odeurs qui m’étaient apportées. Je ne décelais rien d’autre que l’odeur de verdure de l’Oasis et, me doutant qu’il en était de même pour ma demi-tante, nous continuions notre route. Et ce pendant un très long moment. Je ne désespérais pas de trouver une proie et j’étais même excitée par le challenge. Hors de question que je rentre au clan sans avoir attrapé cette proie !

Un troupeau de zèbres… On a peut-être une chance de se rattraper…

Je les avais sentis également et j’avais aussitôt adopté une posture de chasse. Ventre à terre, nous approchions encore un peu jusqu’à ce que nos yeux nous confirment ce que notre odorat nous avait révélé. Ils n’étaient pas nombreux et tandis que je balayais leur groupe du regard, l’un d’entre eux retint particulièrement mon attention.

Regardes là-bas, le zèbre un peu à l’écart des autres, il a l’air affaibli, ce sera sûrement une proie facile.

Elle avait raison. A la façon dont il se mouvait, on remarquait aisément qu’il avait un problème. Je n’étais pas la plus expérimentée des chasseuses mais en tant que Jangowa, je savais discerner les points faibles chez les autres et le sien était clairement sa patte arrière gauche. Il aurait donc du mal à poser son poids de ce côté là et aurait du mal à fuir si nous l’attaquions par la droite, chose que j’expliquais sans tarder à Anaya.

Il a l’air touché à la patte gauche. Je vais m’approcher par sa droite et l’obliger à décamper. Il devrait avoir du mal à suivre le rythme des autres et se retrouvera vite seul. Je vais continuer ma course pour le diriger droit vers toi, entre les deux dunes là-bas. Si tout se passe bien, il ne pourra pas t’échapper et tu pourras l’abattre.

J’avais exposé mon plan en chuchotant et en indiquant l’endroit où je comptais diriger notre proie. Ma meilleure amie devrait attendre que le troupeau passe avant de se mettre en position pour couper la route à la victime que nous avions choisie. Le timing serait serré mais c’était tout à fait faisable. Lorsqu’elle eut approuvé ce plan, je laissais là Anaya pour aller me mettre en place.

J’attendis plusieurs minutes afin qu’Anaya rejoigne son poste elle aussi. Je l’aperçus brièvement avant qu’elle ne redevienne invisible à mes yeux et à ceux de nos proies. J’en déduisis qu’il devait s’agir du signal me disant que je pouvais y aller. Et c’est ce que je fis. Ralentissant ma respiration, je ne devins plus qu’une ombre malgré mon pelage lumineux. Une ombre porteuse de mort.

Arrivée à la limite de la distance qui me cachait des zèbres, je jaillis alors, me focalisant sur le zèbre que nous voulions tuer. J’avais attaqué sur sa droite, comme je l’avais dit à ma meilleure amie et, comme je l’avais planifié, il eut du mal à bouger immédiatement, créant de ce fait un décalage avec les autres. Et ce décalage avait permis aux autres de prendre de l’avance sur lui. Je poursuivis ma course et entraînais le zèbre exactement là où s’était postée Anaya.

Un sourire cruel se dessina sur mon visage. Tout se passait comme prévu. Nous allions l’avoir, c’était certain !

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Tandis que j'observais le petit troupeau de zèbres qui se trouvait non lui de nous, Hazina m'expliqua son plan. Elle allait entraîner le troupeau entre les dunes qui se trouvaient un peu plus loin, et lorsque le zèbre blessé arriverait, je devrais lui couper la route et le tuer. C'était un plan tout à fait faisable, et j’acquiesçais en imaginant déjà le gout de la chair du zèbre sur ma langue. Hazina ne perdit pas une seconde, et parti se mettre en position sur la droite du troupeau.

Je pris la direction opposée à Hazina, pour me diriger à l'endroit qu'elle m'avait indiqué. Me faufilant telle une ombre entre les dunes, je rejoignis les deux dunes où Hazina compatit faire passer le troupeau assez rapidement. Je voyais toujours Hazina, qui se rapprochait discrètement du troupeau. L'eau me montait à la bouche, et j'avais hâte de pouvoir croquer dans notre proie.

Hazina lança l'assaut après quelques minutes, et le troupeau de zèbre s'affola rapidement, prenant la direction souhaitée. Je vis rapidement que le zèbre que nous avions repéré peinait à suivre les autres. Tout se passait comme prévu. J'attendis, camouflée entre les dunes, alors que le troupeau se rapprochait de moi. Les premiers zèbres passèrent les dunes rapidement, suivis de près par d'autres. Le dernier zèbre arriva un peu plus tard, essayant tant bien que mal de rejoindre ses congénères, mais je ne lui en laissais pas l'occasion. Déboulant en quelques bons devant lui, je me mis à rugir et le zèbre tenta de faire demi tour, apeuré de ne pas pouvoir rejoindre le reste du troupeau. Il commença à fuir dans le sens opposé au troupeau, essayant de trouver un moyen de m'échapper. Je le pris en chasse, et ne mis pas longtemps à le rattraper à cause de sa patte arrière blessée. Prenant appuis sur mes pattes, je sautais et vins planter mes griffes dans la peau de l'animal qui hurla de douleur, essayant de me mettre des coups de sabots pour se défendre. Je lâchais prise, esquivant les attaques de ma proie sans difficulté. Lorsque le zèbre fut face à moi quelques secondes, je ne perdis pas une seconde, et lui sautais à la gorge, plantant de nouveau mes griffes profondément. L'accès à sa gorge était maintenant facile, et sans réfléchir un instant de plus, je plantais mes crocs à l'endroit fatidique. Le zèbre poussa des cris de douleurs, et s'écroula au sol dans un gerbe de sable. Je tins bon, ne lâchant pas le cou de ma victime. Après quelques minutes d'agonie, le zèbre cessa de bouger, ses yeux devinrent ternes, signe que toute vie avait quitté son corps.

Essoufflée, mais fière de notre victoire, je rugie pour confirmée à Hazina que nous avions réussi. Celle ci ne mit pas longtemps à me rejoindre. Je collais ma tête contre celle de mon amie en ronronnant, heureuse que notre chasse se soit bien déroulée, mais surtout heureuse de sentir que Hazina et moi étions de nouveau proches. Je m'assis ensuite près de la proie, reprenant mon souffle et lorsque j'eu récupéré toutes mes forces, je fini par croquer dans le zèbre.

- C'était un super plan Hazina ! Tu t'ai vraiment amélioré à la chasse je suis impressionnée.

Je continuais de manger, profitant de ce moment passé en compagnie de ma meilleure amie. Les choses n'étaient peut-être pas roses ces temps ci, mais je savais que je pouvais compter sur Hazina, et j'espérais qu'elle savait que c'était réciproque.

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Tu me manques

Notre proie se rapprochait du passage entre les dunes et donc, de sa mort. Je continuais de la courser, histoire d’être sûre qu’il ne change pas de direction, faisant échouer mon plan. Il ne pouvait fuir que dans une direction et le voilà qui empruntais justement le début du passage entre les dunes. Je vis alors Anaya surgir de sa cachette et venir se poster devant le zèbre en quelques bonds agiles afin de lui couper la route. Elle rugit ensuite, ce qui eu pour effet de faire faire demi-tour à notre future victime.

Je n’avais pas prévu ça et j’étais encore trop loin pour pouvoir lui sauter dessus. J’accélérais ma cadence mais je vis bientôt ma meilleure amie apparaître sur l’arrière-train de l’animal blessé avant de lâcher prise pour sans doute éviter les ruades du zèbre. J’ignore comment mais Anaya se retrouva face au zèbre et j’eus peur pendant quelques instants qu’elle ne se prenne un coup de sabot avant de la voir sauter à la gorge du quadrupède à rayures.

Je ne m’étais pas rendue compte que je m’étais arrêtée lorsque j’avais vu celle que je considérais comme une sœur et se furent les cris de douleur de notre proie qui me « réveillèrent ». Je me remis donc en route afin de les rejoindre et tandis que j’étais à quelques mètres encore, un rugissement victorieux retentit. Un sourire ravi étira mes babines et il était toujours présent sur mon visage lorsque j’atteignis le cadavre et celle qui lui avait donné la mort.

Il se passa alors une chose à laquelle je ne m’attendais pas. Anaya se rapprocha de moi pour venir poser son front contre le mien tout en ronronnant. Je n’avais pas eu droit à ce genre de geste de la part de quiconque depuis bien longtemps et cela me fit chaud au cœur. Quelques larmes de joie perlèrent au coin de mes yeux, heureuse de retrouver cette proximité avec Anaya.

Une fois qu’elle eut récupéré de sa course, elle planta ses crocs dans la chair fraîche et en arracha une partie afin de se restaurer. J’en fis de même et je savourais le goût de notre victoire avant d’entendre la voix de ma demi-tante à mes côtés.

C’était un super plan Hazina ! Tu t’es vraiment améliorée à la chasse, je suis impressionnée.

J’étais assez fière de cette remarque et je ne pus m’empêcher de bomber légèrement le torse comme l’aurais fait un lionceau. Je mâchais rapidement ma bouchée et l’avais ensuite afin de pouvoir répondre.

Merci ! Mais j’ai pas vraiment eu le choix comme je te le disais tout à l’heure. C’était soit ça, soit je mourrais de faim. Je peux te dire que j’ai passé pas mal de nuits le ventre vide avant de réussir mes chasses à chaque fois... Ou presque ! Mais bon, je suis heureuse de constater qu’il y a au moins un domaine dans lequel je suis meilleure que toi !

Je lui tirais la langue avant de reprendre un morceau de zèbre. Nous étions en compétition depuis notre enfance et si je ne l’avais jamais égalée au combat malgré mes entraînements avec mon oncle Jenkaa, son niveau était hors de ma portée. Je ne savais pas si j’arriverais à être aussi forte qu’elle un jour mais je n’étais déjà pas si mauvaise et c’était une bonne chose. Mais pour ce qui était de la chasse, elle avait beau avoir eu des leçons de la part d’Hatasa tout comme moi, il fallait croire qu’elle n’avait pas tout aussi bien assimilé que ses leçons de combat. Et si ce n’était pas grand-chose, être meilleure qu’elle dans ce domaine me faisait plaisir.

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Hazina et moi profitions de notre proie en savourant un bon repas qui nous remis d'aplomb. Je n’avais pas passé un moment de complicité pareil avec ma meilleure amie depuis un mois, et cela me fit chaud au coeur d'enfin pouvoir sentir que notre amitié n'était pas brisée malgré tout ce qui s'était passé. J'en avais presque oublié durant quelques instants les malheurs qui s'étaient abattus sur nous. Même si Nazhir était devenu empereur, et que Hazina et moi avions perdu des êtres chers, nous savions à présent que nous pourrions toujours compter l'une sur l'autre. Hazina fini par répondre au compliment que je lui avais fais un peu avant.

- Merci ! Mais j’ai pas vraiment eu le choix comme je te le disais tout à l’heure. C’était soit ça, soit je mourrais de faim. Je peux te dire que j’ai passé pas mal de nuits le ventre vide avant de réussir mes chasses à chaque fois... Ou presque ! Mais bon, je suis heureuse de constater qu’il y a au moins un domaine dans lequel je suis meilleure que toi !

Elle me tira la langue avant de reprendre un bout de notre proie. Sa petite réflexion ne me contraria pas, et me fit même sourire. Il était vrai que je n'étais pas la meilleure des chasseuses, et au moins, les lions du clan ne pourraient pas dire que Hazina est inutile et faible. Elle finirait par trouver sa place dans le clan, j'en étais certaine.

- Pfff, tu n'ai pas meilleure que moi, j'avais le soleil dans les yeux, voilà pourquoi j'ai loupé l'oryx tout à l'heure ! Dis-je sur le ton de la plaisanterie. Mais ne t'inquiètes pas, la prochaine fois qu'on chassera de nouveau ensembles, c'est moi qui serai la meilleure !

Reprenant mon festin, je sentais mon moral remonter à chaque minutes qui passait. Il nous faudrait du temps pour nous en remettre, mais l'une comme l'autre, nous étions fortes, et le clan avait besoin de nous... Le reste de la journée passa à une vitesse folle, et je fus un peu déçue de devoir quitter ma meilleure amie. Mais maintenant, nous allions passer plus de temps ensembles et c'est tout ce qui importait pour l'instant...